Qu’est ce que l’éveil culturel et artistique ?
Quand l’art devient un besoin vital
Les mille premiers jours de l’enfant constituent une période de transformation intense, tant sur le plan neurologique que psychoaffectif. Le cerveau de l’enfant connaît alors un développement fulgurant, façonné par la qualité des expériences sensorielles, relationnelles et affectives qu’il traverse. Dans cette perspective, l’éveil artistique et culturel ne relève plus du simple agrément, mais devient un élément structurant de son développement global.
Parler d’art à cet âge, c’est envisager un langage sensoriel et émotionnel, une façon pour l’enfant d’explorer le monde, de s’y relier et de s’y exprimer. Peindre, écouter, modeler, danser, chanter, manipuler des matières : chaque expérience sensorielle nourrie par l’art est une porte ouverte sur l’intelligence, l’imaginaire, le lien aux autres et à soi-même.
L’appui des sciences humaines et des pédagogues pionniers
Plusieurs courants pédagogiques et figures éducatives ont, bien avant les récentes découvertes neuroscientifiques, reconnu l’impact fondamental de l’expérience artistique sur le développement de l’enfant.
Friedrich Fröbel, fondateur des jardins d’enfants au XIXe siècle, a très tôt identifié le rôle formateur du jeu libre, des formes, des couleurs et de la musique. Il voyait l’enfant comme un être naturellement créatif, dont le développement passe par la manipulation d’objets symboliques.
Germaine Tortel, inspectrice de l’enseignement maternel en France, a initié une approche sensible de l’éducation artistique. Selon elle, les enfants doivent pouvoir “agir artistiquement” dans un cadre esthétique soigné, où leurs productions spontanées sont prises au sérieux. Sa « pédagogie de l’initiation » valorise la libre expression par le dessin, la peinture et le modelage.
Loris Malaguzzi, fondateur de la pédagogie Reggio Emilia en Italie, développe la métaphore des « cent langages de l’enfant ». L’expression artistique y est vue comme un droit fondamental. Dans ces crèches italiennes innovantes, les matériaux d’art sont accessibles, les œuvres des enfants exposées, les artistes invités à co-créer avec les tout-petits.
Enfin, Hélène Lubienska de Lenval, proche de Maria Montessori, rappelle la valeur du silence, du rituel et de la lenteur dans les processus d’éveil, mettant l’accent sur l’intériorité poétique des jeunes enfants.
Ces démarches convergent toutes vers une même idée : l’enfant est un sujet créatif dès sa naissance, et l’expérience artistique contribue à l’épanouissement de ses compétences émotionnelles, cognitives et sociales.
Sophie Marinopoulos : une voix contemporaine de l’enfance sensible
Psychologue, psychanalyste et autrice de l’essai Ce que les enfants nous enseignent, Sophie Marinopoulos a consacré une grande partie de son travail à la reconnaissance des besoins fondamentaux du jeune enfant. Elle insiste sur le fait que les tout-petits sont des êtres de sensations, d’affects et de symboles, pour qui l’expérience artistique constitue un médiateur précieux dans la relation à soi et aux autres.
Missionnée par le ministère de la Culture, elle a produit un rapport phare sur l’éveil artistique et culturel des jeunes enfants, dans lequel elle affirme que l’art permet de soutenir le lien parent-enfant, la capacité d’émerveillement, mais aussi la symbolisation des émotions. S. Marinopoulos invite à une société qui valorise l’enfant comme un citoyen culturel à part entière, dès la naissance, et plaide pour des politiques publiques favorisant la rencontre entre professionnels de la culture, de l’éducation et de la santé.
Sa vision s’inscrit en parfaite résonance avec celle des 1000 premiers jours, qui préconisent des environnements riches, sensibles et sécurisants, où les adultes sont en capacité d’offrir à l’enfant des expériences stimulantes, sans pression, dans le respect de son rythme.
Sa vision s’inscrit en parfaite résonance avec celle des 1000 premiers jours, qui préconisent des environnements riches, sensibles et sécurisants, où les adultes sont en capacité d’offrir à l’enfant des expériences stimulantes, sans pression, dans le respect de son rythme.
Sa vision s’inscrit en parfaite résonance avec celle des 1000 premiers jours, qui préconisent des environnements riches, sensibles et sécurisants, où les adultes sont en capacité d’offrir à l’enfant des expériences stimulantes, sans pression, dans le respect de son rythme.
L’éveil artistique : un chemin de lien et de prévention
Pourquoi l’art est-il si puissant dans les premières années ? Parce qu’il réunit plusieurs dimensions essentielles du développement : il stimule les sens, facilite l’entrée en communication, favorise la motricité fine, la mémoire, l’attention, mais aussi la capacité à ressentir et à exprimer des émotions. L’art, c’est le jeu, l’imagination, la narration, le rythme. C’est un langage pré-verbal qui dit l’essentiel.
Et c’est aussi, pour l’adulte, un outil de relation et d’observation. Dans les propositions artistiques partagée, les rôles se renversent souvent : l’adulte devient spectateur de la puissance expressive de l’enfant, ce qui permet une rencontre nouvelle, bienveillante, désidéalisée mais profondément connectée.
L’éveil culturel devient ainsi un levier de prévention précoce, de réduction des inégalités, de soutien à la parentalité. Loin des logiques de consommation culturelle, il s’agit de mettre à disposition du quotidien de l’enfant des espaces de poésie, de création et de rencontre.
DIPG – Des Idées Pour Grandir : promouvoir l’éveil artistique dès le berceau et pour tous
Dans cette dynamique d’alliance entre culture, éducation et petite enfance, DIPG (Des Idées Pour Grandir) incarne met au cœur de sa démarche la co-création et la valorisation de l’enfant comme acteur de ses apprentissages. Engagée pour une transformation en profondeur de l’expérience éducative dès les premiers mois de vie, elle œuvre à faire entrer l’art et la culture dans le quotidien des lieux d’accueil, des familles et des territoires.
DIPG accompagne les professionnels dans la mise en œuvre d’ateliers artistiques adaptées, en créant des outils concrets, des formations sensibles, et des passerelles entre artistes, éducateurs, collectivités et parents.
À travers ses actions, DIPG contribue à changer le regard porté sur le très jeune enfant, à donner du sens au travail des professionnels de la petite enfance, et à restaurer l’idée d’une éducation profondément humaniste, ancrée dans la beauté, le lien et le respect du vivant.
Conclusion : une responsabilité partagée
L’éveil artistique et culturel ne relève pas d’une option éducative, mais d’un engagement sociétal structurant. Il est une manière de reconnaître l’enfant dans toute sa richesse, de valoriser la compétence des adultes qui l’accompagnent, et de créer une société plus attentive, plus sensible, plus juste.
À l’heure des défis éducatifs, sociaux et climatiques auxquels nous faisons face, miser sur l’art pour grandir, c’est choisir l’intelligence du sensible, la force du lien, et la puissance de la créativité. C’est répondre, dès les 1000 premiers jours, au plus grand besoin de l’enfant : celui d’être vu, entendu et accompagné dans toute son humanité.
